Voilà un moment que je réfléchissais à une technique de reproduction pour mes créations. La reproduction numérique au kilomètre ne m’attirait pas plus que ça, sans doute dû au fait de penser que tout allait être strictement identique ! C’est assez naturellement que je me suis intéressé à la sérigraphie artisanale, tout d’abord parce qu’il y a un processus de fabrication ainsi qu’une démarche dans lesquels une part d’aléa ou de combinaison inattendue font de chaque tirage un objet quasiment unique !
Un anniversaire passant et un cadeau aidant, je me suis inscrit pour une journée de cours auprès de l’association La Presse Purée, un atelier de sérigraphie à Rennes. En effet, sur une journée, l’idée est de bénéficier d’une découverte du procédé sérigraphique en menant à bien un projet. Le tout, en petit comité, nous étions 2. Nous avons été pris en charge par un instructeur passionné et totalement dévoué à ses participants (Merci Antoine). Après une introduction à la technique expliquant les notions de base, les cadres et les encres, nous sommes très rapidement passés à la pratique. Cette première étape m’a surtout permis de comprendre que le châssis et la toile se comportent au final comme un écran avec des pixels, qui laissent passer, ou pas, la couleur qui va venir imprimer le support.
Avant la séance, j’avais transmis une image de ce que je souhaitais reproduire afin qu’elle soit traitée informatiquement de manière à séparer les canaux de couleurs et de les imprimer sur des rodoïdes ; concrètement, 2 feuilles, une pour le rouge, les hachures et le bandeau, et une pour le noir, le contour du personnage et les points à l’intérieur ! C’est là que j’ai découvert une proximité avec la technique de pochoir. Une fois comprise cette étape de pré-production, nous avons commencé par appliquer une émulsion photosensible sur le cadre, émulsion que nous avons laissé sécher pendant environ 30 minutes. Ensuite, l’étape d’insolation a consisté à positionner les rodoïdes sur les cadres, le tout inséré dans une table à vide dont le fond est occultant. Une fois retournée, le plateau s’est retrouvée en face de 4 lampes HPR qui ont cuit la couche photosensible sauf les zones en noir des rodoïdes et produire la matrice qui permet l’impression sur papier. Cette insolation a duré un peu moins de 10 minutes, avant de passer au dépouillage à l’eau chaude pour nettoyer la zone imprimée.
A partir de là, nous avons pu passer à l’impression à proprement parler, où un système de bras et de charnières permet d’assurer un positionnement identique sur chaque feuille. Une opération de calage permet de trouver la bonne position des feuilles avant de passer à l’impression. Afin de tester grandeur nature, nous avons fait des tests sur une macule, sorte de brouillon sur lequel se cumule bon nombre de tests combinant au final des créations originales ! Le nappage, qui consiste à pousser l’encre dans les trous de la zone imprimable, et l’impression, qui assure le transfert de l’encre sur le support, se font via une raclette dont l’angle sert à réaliser le transfert. Les premiers gestes sont maladroits, mais on comprend rapidement qu’il faut appuyer fort avec une pression identiques des deux main et ne pas tirer trop vite pour bien enduire le support. Sur la reproduction que je souhaitais faire, l’ordre d’impression était rouge puis noir. J’ai donc commencé avec l’encre rouge pour une série ou j’ai imprimé tous les supports. Et là, sur les conseils de notre instructeur, au lieu de passer directement au noir, je me suis amusé à combiner d’autres couleurs, du jaune sur le rouge pour tirer vers le orange, puis du bleu qui sur le jaune et le rouge a fait apparaître du vert au violet ! En jouant, involontairement bien sûr, avec un léger décalage, les hachures se sont mises à vibrer ou à créer des effets d’optiques surprenant ! La dernière étape a consisté à appliquer la couche de noir pour conclure, les temps de séchage étant plutôt courts, moins de 5 minutes.
Au final, j’ai passé une bonne journée, très enrichissante et me laissant entrevoir des possibilités que je n’avais même pas soupçonnées avec une quinzaine de reproductions. C’est un peu comme si la création avait eu deux étapes, la première pour produire la création et une seconde pour reproduire avec un champ de possibles sur les couleurs, les textures et autres tramages ! C’est un peu comme si on prolongeait la création en la déclinant de manière unique à chaque assemblage. Bref, un nouveau terrain d’expérimentation ! A poursuivre…